Renault 3 : la 2CV façon Renault - l'Automobile Ancienne (2024)

Avec l’insolent succès de la Citroën 2CV, la Régie Renault ne pouvait pas se laisser faire sur le créneau des voitures populaires. C’est pourquoi elle affute ses armes à la fin des années 1950 avec la Renault 4, en reprenant point par point les arguments qui ont fait le succès de la 2CV, tout en les améliorant. Mais pour réellement concurrencer la petite Citroën, Renault lui colle dans les pattes la Renault 3, une version (très) dépouillée de la R4.

Production : 2.526 exemplaires (1961-1962)

C’est entre juin et août 1961 que la Renault 4 est présenté à la presse, le grand public doit quant à lui attendre le salon de l’automobile à Paris qui ouvre ses portes le 05 octobre 1961 pour approcher cette voiture. A cette époque, la nouvelle Renault affole la presse, attire le public : Première voiture de Renault à adopter la traction (on met de côté l’utilitaire Estafette), l’adoption du hayon de série… De sacrés arguments pour remplacer la 4CV, et surtout aller chercher des parts de marché à la Citroën 2CV. Le service de communication de Renault avait prévu son coup, l’opération lancement était réussie. Au salon de Paris, c’est d’ailleurs la gamme Renault 4 qui est présentée, trois variantes pour couvrir une large demande : la Renault 4 de base, type R1120, avec son quatre cylindres de 747cm3 hérité de la 4CV, la Renault 4 L (toujours en Type R1120) avec une finition plus luxueuse et équipée d’une vitre de custode. Enfin, la Renault 3 dont le seul rôle est de proposer un tarif attractif.

Si la Renault 3 hérite d’une dénomination différente, c’est pour mettre l’accent sur le point fort de la voiture : il s’agit d’une 3CV fiscaux. Ce modèle ne doit son existence qu’à l’entêtement du service marketing de Renault qui souhaitait que la future Renault 4 soit proposée en une version 3CV, de peur que la fiscalité de 4CV effraie les clients acquits à la petite Citroën. A cette fin, la Renault 3 bénéficie d’un quatre cylindre en ligne de 603 cm3 (moteur type 690-01) dérivé du 747cm3 des Renault 4, une cylindrée contenue grâce à un alésage plus court donnant une puissance de 22,5Ch SAE. Le reste de la dotation mécanique dont la boite à trois vitesses est en tout point identique à la Renault 4.

La finition est également strictement identique à celle d’une Renault 4 de base, dont l’absence de vitre sur la custode, le chrome aux abonnés absents tout comme la calandre dont les grilles sont réalisés à travers le capot, ou les pare-chocs réalisés en tube cintrés et peints de la couleur de la carrosserie. A ce sujet, seules trois teintes sont disponibles sur la Renault 3 : Gris Olivier 610, Gris Pyramide 635 et Gris Templier 618. Extérieurement, à l’exception du monogramme sur le hayon, il est impossible de différencier une Renault 3 d’une Renault 4.

Dans l’habitacle, la Renault 3 est dépouillée, et à l’instar des Renault 4 de base, il n’y a pas de garniture de porte, l’instrumentions est réduite à sa plus simple expression… Les fauteuils sont réalisés à partir d’un cadre tubulaire sur lequel une toile est tendue, deux sièges séparés à l’avant et banquette à l’arrière (tiens, cela ne vous rappelle t-il pas la 2CV?). Les plus téméraires verront sur la sellerie une légère différence : si les Renault 4 ont un tissu rouge à motif carré, la Renault 3 reçoit un tissu rouge cousu un chevrons. Comme seul effort apporté par Renault à l’habitacle, citons le pare-soleil conducteur, un ciel de toit et un chauffa*ge Sofica… Un montage certainement justifié pour conserver les économies d’échelle avec la Renault 4.

Côté carrosserie, équipements et présentation, la Renault 3 est absolument et strictement identique à la Renault 4 dans sa version de base. Ci-dessus, une Renault 3 à gauche et une Renault 4 à droite. Comme seules différences sur ces clichés, la position du goulot d’essence sur la Renault 3 (modèle de pré-série) et le toit en dur sur la Renault 4 (le toit ouvrable était possible sur la R4).

Commercialisée à 4.800 Francs, la Renault 3 propose une économie de 180 Francs comparé à la Renault 4 de base. C’est à la fois peu et beaucoup à la fois, 180 Francs représentait à l’époque une belle somme rapporté au Smic, mais trop peu comparé au prix d’une Renault 4 de base qui offre de meilleures performances (95km/h pour la R3 contre 103km/h pour la R4, accélération plus vive sur la R4 et consommation identique). En définitive, le client préférait faire un effort supplémentaire pour avoir une R4, c’est pourquoi le modèle Renault 3 ne se vend pas. Avec 2.526 exemplaires entre juin 1961 et septembre 1962, la Renault 3 représente une part infime de la production des Renault 4, puisque entre 1961 et 1962, Renault écoule 217.000 Renault 4. Lorsque la Renault 3 s’arrête, la Renault 4 L est de loin la plus vendue, démontrant que l’offre d’une voiture accessible ne doit pas se faire au détriment du confort. D’ailleurs, en 1962, c’est cette carte que Renault jouera avec la Renault 4 Super…