Luxembourg : la princesse Alexandra s'est marié avec Nicolas Bagory (2024)

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Le grand-duc Henri est plus pudique sur ses sentiments mais son large sourire ne trompe pas: il sait que sa petite princesse - qui a bien grandi - a trouvé en Nicolas Bagory son prince charmant.

Nicolas, roturier français, accepté par toute la famille

Le jeune marié, 34 ans, est un Français d’origine bretonne. Il a été professeur de lettres classiques mais travaille désormais dans la création de projets sociaux et culturels. S’il n’a pas d’ascendance aristocratique, il a été accueilli à bras ouverts dans la famille grand-ducale, où d’autres roturiers l’ont précédé. A commencer par Maria Teresa elle-même, qui, au début des années 1980, a su se faire accepter dans cette dynastie séculaire alors qu’elle était dénuée de sang bleu, mais issue d’une des plus illustres familles cubaines ayant fui le castrisme.

Le Luxembourg n’a pas eu droit à un mariage princier sur son territoire depuis celui du grand-duc héritier Guillaume avec Stéphanie de Lannoy, en octobre2012.

Alors, il faut être à la hauteur de l’événement: plus tôt dans la matinée, on a déroulé le tapis rouge, astiqué les lampadaires, changé les fleurs dans les jardinières et déployé des fanions aux frontons des boutiques. Place Guillaume II - du nom de cet ancêtre qui offrit au pays sa constitution -, les Luxembourgeois affluent pour apercevoir et applaudir le joli couple.

On a vu Alexandra grandir, presque comme si elle était notre fille.

Une Luxembourgeoise venue assister au mariage

«Notre famille grand-ducale est tellement importante pour nous, s’enthousiasme un groupe de dames qui n’auraient raté cela pour rien au monde. On a vu Alexandra grandir, presque comme si elle était notre fille.» Alors, que pensent-elles de Nicolas Bagory? «Il a l’air bien sous tous rapports!» On ne peut pas mieux dire.

La future mariée en cape écrue

A 15heures, quand commencent à tinter les carillons de la cathédrale Notre-Dame, les portes du palais grand-ducal s’ouvrent pour laisser apparaître les futurs mariés, déjà main dans la main.

Pour ce mariage civil, la princesse Alexandra a opté pour un ensemble écru et une cape assortie, signée Valentino. Pas de bijoux clinquants ou de diadème imposant, ses cheveux volent au vent. Cet après-midi d’avril est plus automnal que printanier mais la procession arrive à passer entre les gouttes de pluie. A peine 300 mètres séparent le palais de l’hôtel de ville. À Luxembourg, pittoresque mouchoir de poche, pas besoin de carrosse… On se déplace à pied.

Dans la foule, on commente les choix stylistiques des épouses des princes: «Ah, Stéphanie porte de nouveaux escarpins bleus», ou encore «Claire est superbe en jaune».

Les proches de Nicolas Bagory, eux, ne se prêtent pas au défilé et préfèrent attendre à l’intérieur de la mairie. Sur le perron, la bourgmestre, Lydie Polfer, est entourée de petites demoiselles aux bras chargés de bouquets. La cérémonie dure une trentaine de minutes, rythmée par une chorale d’enfants.

En sortant, les mariés, radieux, prennent le temps d’aller saluer les Luxembourgeois amassés derrière des barrières, puis font un détour par la cathédrale Notre-Dame. Un moment de recueillement qui n’était pas prévu au programme.

Autre surprise et pas des moindres: sans prévenir, Alexandra et Nicolas apparaissent au balcon du palais, pour saluer une dernière fois la foule, avant d’assister à une réception, en présence des membres du gouvernement.

Un mariage religieux dans le sud de la France

La prochaine étape de ce mariage princier aura lieu le 29avril dans un cadre plus ensoleillé, à Cabasson, dans le Var. Depuis près d’un siècle, les Luxembourg y possèdent une propriété au charme tout provençal, vaste de vingt hectares et voisine du fort de Brégançon, sur laquelle flotte l’étendard du grand-duché.

La légende raconte que ce petit paradis méditerranéen serait devenu une enclave luxembourgeoise, perdue en plein sud de la France, sur autorisation du général de Gaulle, admirateur de la grande-duch*esse Charlotte, qui s’était illustrée durant la Seconde guerre mondiale en persuadant le président américain Franklin D. Roosevelt d’aider les Alliés.

La Tour Sarrazine – nom de cette résidence – a le parfum des doux souvenirs de l’enfance pour la princesse Alexandra, qui, comme ses frères et ses cousins, y a passé la plupart de ses étés. Elle s’était promis qu’un jour elle y dirait «oui» à l’homme de sa vie.

Si une petite chapelle a été aménagée au cœur de la propriété, la cérémonie religieuse se déroulera en l’église Saint Trophyme de Bormes-les-Mimosas. Celle-là même où nos présidents français - de Pompidou à Chirac - allaient à l’office dominical lors de leurs séjours brégançonnets.

Au regard de son curriculum vitæ, Nicolas Bagory manifeste un profond intérêt pour la question religieuse: il a été directeur de la publication de Première Partie, une maison d’éditions chrétienne, et traducteur de l’archevêque gallois Rowan Williams, qui a écrit un livre sur saint Augustin («Sur Augustin: Dieu va de soi», Ad Solem, 2018).

Alexandra : une princesse autonome et déterminée, qui cultive un goût pour la discrétion

Ce deuxième jour de festivités, les jeunes mariés ont souhaité le garder pour eux et leurs proches. Cette fois, pas d’officiels, ni de médias. La princesse Alexandra s’est toujours illustrée par son goût de la discrétion. À peine sait-on qu’elle vit à Paris et travaille dans l’humanitaire…

Difficile pourtant de se dérober aux regards curieux quand on naît dans l’une des dix familles royales de la vieille Europe. Le mariage de ses parents, le 14février 1981 - la même année que celui de Charles et Diana en Angleterre - avait été un spectacle inoubliable. Tout comme la naissance de leurs cinq enfants: Guillaume en 1981, Félix en 1984, Louis en 1986, Alexandra en 1991 puis Sébastien en 1992. Avec quatorze mois d’écart, les deux derniers ont presque été élevés comme de «faux jumeaux», ce qui explique leur lien profond.

«Alexandra a toujours été un pilier dans la famille, un élément rassembleur», ajoute sa mère, la grande-duch*esse. Entourée de garçons, la princesse n'a jamais voulu être considérée comme une petite chose fragile qu’il faudrait protéger. Enfant, elle grimpait aux arbres, crapahutait dans la campagne avec ses frères, accompagnait son père à la chasse, et surtout, ne se laissait jamais marcher sur les pieds.

Ce n’est jamais facile de grandir dans une famille régnante.

Maria Teresa de Luxembourg

Selon son entourage, elle est aussi déterminée et indépendante que drôle et chaleureuse. Un mixte parfait entre la rigidité toute luxembourgeoise du grand-duc Henri et la fougue latine de la grande-duch*esse Maria Teresa.

«Je pense que ce n’est jamais facile de grandir dans une famille régnante, car tout enfant aspire à se fondre dans la normalité, admet cette dernière. Notre priorité, à mon mari et à moi-même, a toujours été de partager notre quotidien entre notre vie officielle et notre vie de famille.»

Après des études de psychologie, de sciences sociales et de philosophie, qu’elle a suivies entre Paris, les États-Unis et Dublin, la princesse Alexandra a été libre d’écrire son destin.Contrairement à son aîné, le grand-duc héritier Guillaume, qui se prépare à monter un jour sur le trône.

Les quatre autres enfants du couple régnant jouissent d’une émancipation toute relative. S’ils ont construit leur propre carrière, souvent loin du grand-duché, ils doivent parfois prendre part à des événements officiels. La princesse Alexandra ne manque que rarement les célébrations de la fête nationale, chaque 23juin, ou la réception de la nouvelle année.

En décembre2017, elle a même accompagné son père lors d’une visite d’État au Japon, remplaçant au pied levé la grande-duch*esse alors empêchée. Alexandra s’engage aussi dans plusieurs causes qui lui tiennent à cœur: la recherche contre le cancer, l’aide aux réfugiés ou aux personnes aveugles.

En somme, elle est une princesse des temps modernes, à l’aise dans son époque. Sans diadème peut-être, mais avec un véritable mariage d’amour.